Une origine lointaine : de L’Écho de Rabastens à L’Écho du Pays rabastinois
La revue L’Écho du Pays rabastinois est éditée par l’association Les Veillées rabastinoises.
Cette association est née dans la nuit de l’Occupation, un soir de janvier 1944. Ce soir-là, une vingtaine de Rabastinois se réunissaient dans une salle de l’hôtel de ville et mettaient en route cette aventure intellectuelle et humaine qui, année après année, a traversé le temps. La cheville ouvrière en a été Jean Vanel dont nous évoquons plus loin le rôle.
Ces Rabastinois ont ensuite participé à la naissance de la Fédération des Sociétés Intellectuelles du Tarn avec l’ambition de créer des échanges intellectuels, d’organiser excursions, voyages d’études et conférences.
L’existence purement informelle des Veillées rabastinoises n’a pas empêché les animateurs de l’association de présenter seize conférences entre le 6 janvier 1944 et le 20 avril 1948, sur des thèmes et avec des intervenants particulièrement variés : Madame du Barry par le docteur Cordier, La Psychologie du peuple japonais par le professeur de philosophie Pech-Malbec. Norbert Casteret a, le 20 novembre 1946, fait un récit d’exploration avec projections sur Le Gouffre de la Henne Morte. Un inspecteur de l’enseignement primaire, M. Vacquier a présenté Un grand musicien français : Gounod.
Ces précurseurs ont mûri un projet ambitieux, celui de réaliser une revue, c’est ainsi que le premier numéro de L’Écho de Rabastens est né en juillet 1948.
Pour ce faire, il a fallu, dans le même temps, asseoir le fondement juridique de cette publication en créant une association sans but lucratif. Les statuts en ont donc été élaborés en assemblée constitutive le 20 février 1948. L’association Les Veillées rabastinoises a aussitôt été déclarée en préfecture, avec les membres fondateurs suivants, tels qu’ils sont désignés dans les statuts : Jean Vanel, Jacques Ébrard, Aimé Jaurou, Georges Filaquier, Louis Maurel, Georges Enjalbert, Alix Bounhiol, Yvon Valax, Robert Condat, Henri Noyer, Joseph Cabié,
La définition de son objet, inchangée depuis, se trouve dans l’article 2 des statuts :
« Cette association s’occupe de littérature, d’arts et d’histoire locale. Elle se propose de contribuer à la décentralisation littéraire et artistique par des conférences, des voyages, des expositions, et de veiller à la conservation du patrimoine historique et artistique de la région de Rabastens. »
Ces thèmes sont aussi ceux du contenu rédactionnel de la revue.
Moins centrée sur la seule commune, la vie locale a évolué. Pour prendre en compte ces mutations, la revue est devenue en 2001, L’Écho du Pays rabastinois, avec l’ambition d’intégrer les communes de Couffouleux, Giroussens, Grazac, Loupiac, Mézens, Roquemaure.
Une histoire riche
L’histoire de l’association Les Veillées rabastinoises se confond avec celle de la revue laquelle a, depuis sa création, mobilisé l’essentiel des énergies bénévoles. Mais pas seulement, car après une période de stagnation, l’association a repris des animations dans les années 90 avec l’organisation de conférences. Le concours de poésie Auger Gaillard, destiné aux élèves des classes de 4e et 3e des deux collèges, a également vu le jour en 2002.
Si depuis 1948, L’Écho du Pays rabastinois a changé de nom et d’aspect, le fond rédactionnel demeure profondément ancré dans la société actuelle ou passée. Depuis près de 70 ans tous les animateurs successifs se sont attachés à raconter l’histoire des hommes et du patrimoine, à traiter de la vie culturelle, la vision de ces thèmes s’efforçant d’être la plus ample possible.
La revue a connu des périodes plus ou moins difficiles. Dès le début elle a reposé sur l’énergie et la foi de quelques volontaires. Ses conditions de fabrication étaient plus que sommaires : stencils et duplicateur à rouleau dont il fallait tourner la manivelle à la main, assemblage des feuilles en tournant autour de la table, agrafage et distribution de la revue…
Grâce à un don exceptionnel et à la contribution des commerçants et artisans qui, dès le n° 4, d’avril 1949, ont soutenu la revue à travers leurs insertions publicitaires, la revue a pu perdurer.
Actuellement, grâce à un réseau de bénévoles, L’Écho du Pays rabastinois poursuit sa route. Sa présentation a évolué, son mode de fabrication aussi. Il est maintenant entièrement conçu et mis en page par une petite équipe. Seule l’impression est confiée à l’imprimeur local. Mais les autres tâches ne manquent pas : rédaction des articles certes mais aussi préparation de l’envoi, distribution si possible dans les boîtes aux lettres, collecte des publicités. Le dévouement des bénévoles ne suffirait pas à lui seul à poursuivre cette aventure éditoriale sans des contributions financières qui soutiennent la trésorerie et complètent pour une large part les ventes de la revue : commerçants et artisans, mairies de Rabastens et Couffouleux, abonnements de quelques organes locaux.
Nombreuses sont les personnes qui ont construit l’histoire des Veillées rabastinoises et de sa publication. Nous n’en citerons que quatre, emblématiques de par leurs fonctions et leur rôle.
Jean Vanel était instituteur. Depuis l’origine il a porté cette entreprise à bout de bras, avec un dévouement sans faille et sans compter son temps. Lorsqu’il a passé la responsabilité de la direction de publication à André Hérailh puis à Cécile Montlivier, il a confié à cette dernière une sorte de testament moral, qu’elle-même rappelle régulièrement : « Si vous voulez que la revue continue, n’acceptez aucun article qui pourrait engendrer une polémique : pas de politique, pas de polémique et priorité à l’histoire ». C’est aussi dans cette philosophie que réside le secret de sa longévité : notre richesse passe par la cohabitation de sensibilités différentes, loin de querelles intestines.
Pour preuve de sa stabilité, l’association n’a connu que deux présidents : Jean Vanel de 1944 à 1986 et Guy Ahlsell de Toulza depuis lors.